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    ne pas dire jamais je     ...avec Philippe Thireau

     

    ô pas je jamais

    ne pas dire jamais je

    je dire ô pas dire toi ô

    qu'adviendrai-je sans toi moi

    mère éternellement hors ?

     

    charon mascaret

    remonte les temps partis

    ah maudit charon

    godille suave passeur

    en route pas ne me laisse

     

    dans ses yeux vois dans/

    les eaux bleues percent les yeux/

    vois bleu/bleu était

    ce regard emporté loin/

    de moi regard loin bleu est

     

    le ciel disparaît

    les nuages comploteurs

    d'un peintre de nuit

    sitôt venu voile et pluie

    l'enfant se découvre

     

    Philippe Thireau, Je te massacrerai / mon coeur, PhB éditions, 2019, 48 p.

     

     

     

     


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    sans dedans ni dehors     ...avec Michaël Glück

     

    à l'intérieur de

    rien rien encore

    à l'intérieur de ce corps

    cousu fermé rien encore

    à l'intérieur de

    la maison rien encore

    nul hôte

                   nul gîte

    nul n'habite

    la maison n'est pas encore

    corps où danse le feu

     

    ni dedans ni dehors

     

    la maison n'est pas encore

    ni dedans ni dehors

    sans dedans ni dehors

    (p. 245)

     

     

    du berceau à la tombe

     

                                        hier j'ai crié

     

                                                                     aujourd'hui

                                                                     j'écoute crier

    (p. 291)

     

     

    je ne 

    partage pas

    votre faim

    je n'ai 

    pas comme vous désir 

    d'allonger mon ombre

    de l'étendre

    d'accroître 

    son territoire

    rien qu'un homme qui marche

     

    je m'arrêterai un jour

    peu importe lequel

    cela ne m'effraie

    pas

    je me coucherai

    terre à terre

    quelqu'un ramassera peut-être

    mon crayon tombé

    dans la poussière du chemin

    cela me suffit

     

    (p. 335)

     

     

    Michaël Glück, Dans la suite des jours, L'Amourier, Collection Fonds Poésie, 2014, 486 p.

     

     

    dans la poussière du chemin

     

     

     


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    s'étiole l'enfant haut qui vole.    ... avec Philippe Thireau

     

    clic point. clac point. clic clac suis point. mitralna.

    raconte en volant haut. l'âme s'envole raconte.

    s'étiole l'enfant haut qui vole. l'âme planeuse. arrachée.

    HISTOIRE D'EN HAUT À TIRE D'AILES à te raconte

    cette histoire ma belle. dis le garçon du bas en haut dit.

    rappelle l’oiseau planeur. rafale histoire.

    mot à mot léger décalage. à tire d’ailes. mort crachant

    des cailloux en place de mots (mort foutre mort).

    mort craché.

    p. 41

     

    ………………………………………………………

    mon corps ne. ne. pouvait s’élever. ne. trop lourd empli.

    corps pas élevé. de tous ses sucs empli. ses eaux.

    pourtant il ESPERAIT s’ensevelir. en s’élevant il espérait.

    oiseau goya. dans cette matière laiteuse grosse des saisons

    passés et à venir. ensevelir les saisons.

    laiteuses. ce corps. mon corps icelui.

    (tes seins ton lait dans tes seins.) corps que tu aimas caressas.

    abandonné (tas d’os) là.

    p. 44

     

    Philippe Thireau, Melancholia, éditions Tinbad, 2020.

     

     CLIC CLAC L'OISEAU PLANEUR...

     

     

    Aujourd'hui dans ma boite à lettres  un exemplaire

    (une forme?) de  Melancholia de Philippe Thireau.

    J'ai suivi le conseil du préfacier Gilbert Bourson,

    j'ai lu ce texte à haute voix et j'ai été hautement récompensée... 

     


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    Sur le cadastre de l’intime ...avec Murielle Compère-Demarcy (MCDem.)

     

                                                  Un doigt d’ombre suffit parfois

                                     à faire perdre la main sur la prise du jour

     

    *

     

    Sur le cadastre de l’intime

    ME murmure la petite voix seule

    de l’intérieur

    Ses ailes me décrochent

    me refont cosmos du chant universel

     

    *

                                                  

                                                   L’espoir dans sa chair se recroqueville

                                                   sur l’endormir du moi

                                                   Les murs de l’imaginaire

    ouvrent l’interstice

                                                   le laps de l’infini qui palpite

     

                                                   Aucune complaisance

                                                   juste une lacune

                                                   une fleur éclose dans les décombres

    du rêve

                                                   entre les failles de MOI

    sa coquille fêlée de lapsus

    et l’effondrement du monde

     

    *

     

     

     

     

     

     

     

    Rêve interrompu

     

     

     

     

                                       Cette toile bleu-nuit étendue sur la ville palpitait

                                       de  ses  oiseaux  endormis  dans  les  buissons du

                                       sommeil---

                                                               --- la main  des  songes remuait l’eau

                                       dormante,  allongeait des métaphores éruptives,

                                       sautait à  cloche pied de  tout son corps  dans les

                                       flaques  du  rêve,  des   souvenirs  éclaboussaient

                                       enchevêtrement    d’eau   pure    et   de    boue,  le

    cheminement    nocturne  associait  laps du vécu,

                                       fulgurances,  rêveries intuitives,  pressentiments,

                                       lapsus---

                                       Un  mot  se  leva  dans  la  pièce  abandonnée  au

                                       sommeil,  dressé  comme  un  homme.  Le  soleil

                                       ouvrit  l’œil  d’un  chien,  ferma  ceux  du loup, il

                                       fallait recommencer de vivre---

     

     

                                       Murielle Compère-Demarcy (MCDem.), Poèmes inédits, février 2020.

     

     

    ***

     

    J'ai le plaisir d'accueillir ces texte inédits

    de Murielle Compère-Demarcy, auteur de plusieurs livres

    dont "Alchimiste du soleil pulvérisé" à ne pas manquer.

     

    Sur le cadastre de l’intime. Inédits de MCDem.


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    La voix, jetée vers le ciel... avec Pascal BOULANGER

     

    Rosée

    à Adèle et à Nora

     

    Sur la falaise

    la maison est prise de vertige

     

    Quand on me fermera les yeux sur le vent

    Il ne faudra pas pleurer

    mais dans la rosée de l'herbe

    célébrer mes noces aux vitraux du ciel. 

    p. 294

     

    Jamais ne dors 

    extrait 

     

    C'est de l'exil qu'elle reçoit ma parole, c'est parce que nous sommes séparés 

    qu'elle m'aime aveuglement

    Elle prend garde à la tentation de l'abîme, mais s'en tient proche car sans sa résonance, que peut-elle entendre du monde? 

    à l'heure où elle m'écrit, elle souffre avec bonheur d'un manque absolu de

    moi. Elle ne sait si elle écoute ou si ce qui l'entoure l'écoute. 

     

    Elle comprend qu'il est vain d'éluder tout ce qui surgit, tu la dénudes de sa

    robe de deuil...

    Il ne m'est pas nécéssaire de la regarder pour la voir. D'ailleurs, la nuit

    tombe, elle ne me cache rien...

    Si ce n'est sa pudeur, son écart contre toi

    Le silence croît démesurément ainsi que sa foi.

     

    Quand les mots manquent parce qu'ils sont épuisés

    La voix, jetée vers le ciel, devient axe du monde

    p. 159

    Pascal Boulanger, TRAME: Anthologie 1991-2018 suivie de L'AMOUR Là, éd. TINBAD, 2018.

     

    TRAME suivi de L'AMOUR Là

    Le fil liant de "La fileuse de l'invisible - Marina Tsvetaeva" m'a rapproché

    de la "Trame: Anthologie 1991-2018 suivie de L'amour là", éditions Tinbad, 2019, 

    livre offert par son auteur Pascal Boulanger que je remercie de tout coeur

    et que j'ai le grand plaisir d'accueillir sur mon site .

     


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    "Là forêts ourlent"... avec Esther  Tellermann,

    ma prochaine invitée à la soirée

    "La poésie à gorge déployée"

    le 19.09.19, 20h à A.L.I.-Lyon,60 rue des Rancy 

     

    Oui plus haut

    que nous sont

    un autre alphabet

    d'autres

            chiffres.

    Saviez-vous les horizons

    qui      basculent

    débordent

            l'épaisseur

    anses pour mourir

           dans le lieu

    que n'inquiète

    aucune mémoire?

    Là forêts ourlent 

          nos fosses

    ensevelissent 

          le Verbe.

     

    (Esther  Tellermann, Un versant l'autre, Flammarion, 2019, p. 30)

     

     

     

    Un versant l'autre

     

     

    https://luminitzatigirlas.com/2019/08/18/la-poesie-a-gorge-deployee-avec-esther-tellermann/

     

     

     

     


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    "étirer ma phrase" ...avec Esther Tellermann,

    ma prochaine invitée à la soirée "La poésie à gorge déployée" à A.L.I.-Lyon,60 rue des Rancy 

     

               elle est la phrase d'un commencement, ses lignes pures sont retenues par une fine poussière d'argent laissant deviner la pointe des seins, elle serait les senteurs des jours de pluie, la réminiscence d'une scène lointaine, un monde oublié des sureaux. Certains aromates ont cette influence délicieuse, comme ses joues passant du rose à l'incarnat avant qu'on les mouille de nos baisers, elle se fait soudain plus nerveuse, elle halète, son odeur la transforme en une brise éparse...

                  Parfois ses paupières se soulevaient, elle appuyait la fièvre de son regard à l'orage que je sentais naître, peut-être je voyais en elle des lacs incrustés de cuivre et de verts, des paysages d'aubépines et d'eucalyptus ou bien des orients cramoisis, des huiles saintes? 

    ................................................................................................

                   Peut-être je voulais simplement étirer ma phrase vers vous, parer à notre insuffisance, ou bien trouver une langue neuve qui trouverait d'autres usages. Tant de plaidoyers, de sermons, de dogmes l'avaient assourdie, brouillant les contradictions sous des oracles, des prédications, des promesses de destins meilleurs. 

                    Au fond, nous n'avions cessé d'inventer des rhétoriques affectées enveloppant notre détresse.

                           C'est vrai, chaque moment de l'Histoire voulait approcher la fin de l'univers, 

                          la plaine est gorgée de sang (...)

    ................................................................................................

                         N'est-ce pas une coïncidence saisissante cette terre qui meurt et l'invention de poèmes allégoriques magnifiant les carnages? 

     

     

    Esther Tellermann, Première version du monde, éditions Unes, 2018, p. 87-88.

     

     

     https://www.editionsunes.fr/catalogue/esther-tellermann/premi%C3%A8re-version-du-monde/

     

     


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