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Par Luminitza C.Tigirlas le 29 Mars 2020 à 11:48
ne pas dire jamais je ...avec Philippe Thireau
ô pas je jamais
ne pas dire jamais je
je dire ô pas dire toi ô
qu'adviendrai-je sans toi moi
mère éternellement hors ?
charon mascaret
remonte les temps partis
ah maudit charon
godille suave passeur
en route pas ne me laisse
dans ses yeux vois dans/
les eaux bleues percent les yeux/
vois bleu/bleu était
ce regard emporté loin/
de moi regard loin bleu est
le ciel disparaît
les nuages comploteurs
d'un peintre de nuit
sitôt venu voile et pluie
l'enfant se découvre
Philippe Thireau, Je te massacrerai / mon coeur, PhB éditions, 2019, 48 p.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 28 Mars 2020 à 07:14
sans dedans ni dehors ...avec Michaël Glück
à l'intérieur de
rien rien encore
à l'intérieur de ce corps
cousu fermé rien encore
à l'intérieur de
la maison rien encore
nul hôte
nul gîte
nul n'habite
la maison n'est pas encore
corps où danse le feu
ni dedans ni dehors
la maison n'est pas encore
ni dedans ni dehors
sans dedans ni dehors
(p. 245)
du berceau à la tombe
hier j'ai crié
aujourd'hui
j'écoute crier
(p. 291)
je ne
partage pas
votre faim
je n'ai
pas comme vous désir
d'allonger mon ombre
de l'étendre
d'accroître
son territoire
rien qu'un homme qui marche
je m'arrêterai un jour
peu importe lequel
cela ne m'effraie
pas
je me coucherai
terre à terre
quelqu'un ramassera peut-être
mon crayon tombé
dans la poussière du chemin
cela me suffit
(p. 335)
Michaël Glück, Dans la suite des jours, L'Amourier, Collection Fonds Poésie, 2014, 486 p.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 5 Mars 2020 à 19:54
s'étiole l'enfant haut qui vole. ... avec Philippe Thireau
clic point. clac point. clic clac suis point. mitralna.
raconte en volant haut. l'âme s'envole raconte.
s'étiole l'enfant haut qui vole. l'âme planeuse. arrachée.
HISTOIRE D'EN HAUT À TIRE D'AILES à te raconte
cette histoire ma belle. dis le garçon du bas en haut dit.
rappelle l’oiseau planeur. rafale histoire.
mot à mot léger décalage. à tire d’ailes. mort crachant
des cailloux en place de mots (mort foutre mort).
mort craché.
p. 41
………………………………………………………
mon corps ne. ne. pouvait s’élever. ne. trop lourd empli.
corps pas élevé. de tous ses sucs empli. ses eaux.
pourtant il ESPERAIT s’ensevelir. en s’élevant il espérait.
oiseau goya. dans cette matière laiteuse grosse des saisons
passés et à venir. ensevelir les saisons.
laiteuses. ce corps. mon corps icelui.
(tes seins ton lait dans tes seins.) corps que tu aimas caressas.
abandonné (tas d’os) là.
p. 44
Philippe Thireau, Melancholia, éditions Tinbad, 2020.
Aujourd'hui dans ma boite à lettres un exemplaire
(une forme?) de Melancholia de Philippe Thireau.
J'ai suivi le conseil du préfacier Gilbert Bourson,
j'ai lu ce texte à haute voix et j'ai été hautement récompensée...
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Par Luminitza C.Tigirlas le 24 Février 2020 à 18:44
Sur le cadastre de l’intime ...avec Murielle Compère-Demarcy (MCDem.)
Un doigt d’ombre suffit parfois
à faire perdre la main sur la prise du jour
*
Sur le cadastre de l’intime
ME murmure la petite voix seule
de l’intérieur
Ses ailes me décrochent
me refont cosmos du chant universel
*
L’espoir dans sa chair se recroqueville
sur l’endormir du moi
Les murs de l’imaginaire
ouvrent l’interstice
le laps de l’infini qui palpite
Aucune complaisance
juste une lacune
une fleur éclose dans les décombres
du rêve
entre les failles de MOI
sa coquille fêlée de lapsus
et l’effondrement du monde
*
Rêve interrompu
Cette toile bleu-nuit étendue sur la ville palpitait
de ses oiseaux endormis dans les buissons du
sommeil---
--- la main des songes remuait l’eau
dormante, allongeait des métaphores éruptives,
sautait à cloche pied de tout son corps dans les
flaques du rêve, des souvenirs éclaboussaient
enchevêtrement d’eau pure et de boue, le
cheminement nocturne associait laps du vécu,
fulgurances, rêveries intuitives, pressentiments,
lapsus---
Un mot se leva dans la pièce abandonnée au
sommeil, dressé comme un homme. Le soleil
ouvrit l’œil d’un chien, ferma ceux du loup, il
fallait recommencer de vivre---
Murielle Compère-Demarcy (MCDem.), Poèmes inédits, février 2020.
***
J'ai le plaisir d'accueillir ces texte inédits
de Murielle Compère-Demarcy, auteur de plusieurs livres
dont "Alchimiste du soleil pulvérisé" à ne pas manquer.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 10 Septembre 2019 à 16:24
La voix, jetée vers le ciel... avec Pascal BOULANGER
Rosée
à Adèle et à Nora
Sur la falaise
la maison est prise de vertige
Quand on me fermera les yeux sur le vent
Il ne faudra pas pleurer
mais dans la rosée de l'herbe
célébrer mes noces aux vitraux du ciel.
p. 294
Jamais ne dors
extrait
C'est de l'exil qu'elle reçoit ma parole, c'est parce que nous sommes séparés
qu'elle m'aime aveuglement
Elle prend garde à la tentation de l'abîme, mais s'en tient proche car sans sa résonance, que peut-elle entendre du monde?
à l'heure où elle m'écrit, elle souffre avec bonheur d'un manque absolu de
moi. Elle ne sait si elle écoute ou si ce qui l'entoure l'écoute.
Elle comprend qu'il est vain d'éluder tout ce qui surgit, tu la dénudes de sa
robe de deuil...
Il ne m'est pas nécéssaire de la regarder pour la voir. D'ailleurs, la nuit
tombe, elle ne me cache rien...
Si ce n'est sa pudeur, son écart contre toi
Le silence croît démesurément ainsi que sa foi.
Quand les mots manquent parce qu'ils sont épuisés
La voix, jetée vers le ciel, devient axe du monde
p. 159
Pascal Boulanger, TRAME: Anthologie 1991-2018 suivie de L'AMOUR Là, éd. TINBAD, 2018.
Le fil liant de "La fileuse de l'invisible - Marina Tsvetaeva" m'a rapproché
de la "Trame: Anthologie 1991-2018 suivie de L'amour là", éditions Tinbad, 2019,
livre offert par son auteur Pascal Boulanger que je remercie de tout coeur
et que j'ai le grand plaisir d'accueillir sur mon site .
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Par Luminitza C.Tigirlas le 24 Août 2019 à 21:29
"Là forêts ourlent"... avec Esther Tellermann,
ma prochaine invitée à la soirée
"La poésie à gorge déployée"
le 19.09.19, 20h à A.L.I.-Lyon,60 rue des Rancy
Oui plus haut
que nous sont
un autre alphabet
d'autres
chiffres.
Saviez-vous les horizons
qui basculent
débordent
l'épaisseur
anses pour mourir
dans le lieu
que n'inquiète
aucune mémoire?
Là forêts ourlent
nos fosses
ensevelissent
le Verbe.
(Esther Tellermann, Un versant l'autre, Flammarion, 2019, p. 30)
https://luminitzatigirlas.com/2019/08/18/la-poesie-a-gorge-deployee-avec-esther-tellermann/
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Par Luminitza C.Tigirlas le 28 Mai 2019 à 09:05
"étirer ma phrase" ...avec Esther Tellermann,
ma prochaine invitée à la soirée "La poésie à gorge déployée" à A.L.I.-Lyon,60 rue des Rancy
elle est la phrase d'un commencement, ses lignes pures sont retenues par une fine poussière d'argent laissant deviner la pointe des seins, elle serait les senteurs des jours de pluie, la réminiscence d'une scène lointaine, un monde oublié des sureaux. Certains aromates ont cette influence délicieuse, comme ses joues passant du rose à l'incarnat avant qu'on les mouille de nos baisers, elle se fait soudain plus nerveuse, elle halète, son odeur la transforme en une brise éparse...
Parfois ses paupières se soulevaient, elle appuyait la fièvre de son regard à l'orage que je sentais naître, peut-être je voyais en elle des lacs incrustés de cuivre et de verts, des paysages d'aubépines et d'eucalyptus ou bien des orients cramoisis, des huiles saintes?
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Peut-être je voulais simplement étirer ma phrase vers vous, parer à notre insuffisance, ou bien trouver une langue neuve qui trouverait d'autres usages. Tant de plaidoyers, de sermons, de dogmes l'avaient assourdie, brouillant les contradictions sous des oracles, des prédications, des promesses de destins meilleurs.
Au fond, nous n'avions cessé d'inventer des rhétoriques affectées enveloppant notre détresse.
C'est vrai, chaque moment de l'Histoire voulait approcher la fin de l'univers,
la plaine est gorgée de sang (...)
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N'est-ce pas une coïncidence saisissante cette terre qui meurt et l'invention de poèmes allégoriques magnifiant les carnages?
Esther Tellermann, Première version du monde, éditions Unes, 2018, p. 87-88.
https://www.editionsunes.fr/catalogue/esther-tellermann/premi%C3%A8re-version-du-monde/
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