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Par Luminitza C.Tigirlas le 12 Avril 2019 à 14:33
les pas qui tracent des frontières ...avec Michel Cosem
Qui donc habite ces épaisses toisons fauves?
Quels miroirs? Quelle dame noire s'y promène encore?
Que peut-on précisément offrir à la peur et au rêve
lorsque la montagne se met en boule pour avoir
moins froid et vaincre la solitude.
Que disent les murmures des torrents les susurrements
des pentes où s'accrochent des arbres durs comme
des pierres les pas qui tracent des frontières
et se fondent sur l'autre versant.
Michel Cosem, écho de braise et de cigale, l'Harmattan, 2018, p. 82
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Par Luminitza C.Tigirlas le 30 Mars 2019 à 07:38
Sous le pinceau, le courant ... avec Marie Alloy
Je peins dans une trouée du temps. La couleur glisse sur des branches. Elles font des angles bistre au-dessus de l'eau verte; elles tordent des reflets, en font des jupes à arceaux et des cordes pour la pensée, se laissent bercer par par un filet de vagues, un friselis, un lavis sous les saules. L'horizon est d'eau. Sous le pinceau, le courant.
Se peint aussi l'eau morte sous la flamme et la fin du temps. Se peint la glaise du silence et l'urgent besoin du chant.
(p.30)
.......
Rêve. Dans une barque, nous sommes allongés, côte à côte et fermons les yeux. Nous sommes immobiles, les nuages se déplacent lentement dans le ciel. Du vent se dépose sur nous, plus nus sous la lumière, presque transparents. Un grand frisson nous parcourt, nous sommes ouvert. L'air s'engouffre dans nos corps. Nous arrivons à la cime du ciel. Des oiseaux chantent leur jouissance libre dans une concert de oui, et rient de nous, couchés dans cette barque brillante et céleste. La lumière irrigue nos coeurs en une étreinte qui luit comme une larme. Une telle clarté est une gloire. Nous glissons dans une douceur laiteuse.
Marie Alloy, L'empreinte du visible, Al Manar, 2017, p. 119.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 23 Mars 2019 à 10:27
contre le ciel ... avec Esther Tellermann
J'étais allée
contre le ciel
je voulais que
tu me nommes
au lieu de
ta poussière
plus
au lieu d'une
implosion
d'une enfance
parmi les sols
d'abandon
les chaos des routes
humides
les mousses
un peu de peau
repliée.
Esther Tellermann, Sous votre nom, Flammarion, 2015, p. 36.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 17 Mars 2019 à 09:53
dans le vertige effrayant et calme ...avec Matthieu Messagier
Les chiens dorment dans mon vide
j'étreins leur inconstance
et soumets mon vertige sorti du sommeil
aux soupirs
ronflements
grognements
qu'ils laissent échapper à l'avidité
de l'après-midi caniculaire
qu'ils laissent échapper
aux riens pleins
qui nous restent
aux chiens et moi
dans le vertige de l'après-midi caniculaire
dans le vertige effrayant et calme
de l'après-midi
entre celle de hier
et celle de demain
Matthieu Messagier, Poèmes sans tain: autres sauvageries, poems,
Flammarion, 2010, p. 233.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 9 Mars 2019 à 08:08
Sur le fleuve ...avec Silvia Baron Supervielle
demain tourne et retourne
à cette station du présent
sans rêves et sans prières
où le paysage proche innommé
raccorde l'attente à l'aube
la lumière au jour qui s'en va
entre des gares sans arrêts
on ne peut pas ouvrir la porte
ni freiner l'allure ni sauter
rien ne conduit le temps
qui ne change pas de voie
jusqu'à ce que le vide
rouille le rail
Silvia Baron Supervielle, Sur le fleuve, Arfuyen, 2013, p. 83.
Prix de Littérature Francophone Jean Arp 2012.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 23 Février 2019 à 10:05
...qui dans un souffle ...avec Isabelle Lévesque
Souffle, souffle sur moi et tu apparaîtras. Qui es-tu,
mon inconnu? Qui es-tu, venu troubler l'eau claire d'un
tourbillon? Qui es-tu, fraîcheur nouvelle emportée? Qui
est cet homme, mien-léger, qui dans un souffle a effacé le
vide?
Peau vivante et nue, laisse les fleurs. Rien n'a plus
cours et le passé vide son fardeau.
Isabelle Lévesque, Ravin des Nuits que tout bouscule , Les écrits du nord, Editions Henry, 2014, p. 23.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 10 Février 2019 à 08:14
Batailles d'enfants ...avec Roger Dextre
(extraits)
La nuit on entend la pagaille des ruisseaux ,
ou un seul bruissement: feuilles,
ramures les unes contre les autres, rivière, vent,
souffle du vent, parois des murs, nuages, on
entend la nuit seule,
abreuvant d'ombre ce qui vient,
alors le matin les mots sont
là ou pas —
Batailles d'enfants, —
ou ne sont pas là,
ou se sont réveillés, seuls,
avant
dans la nuit
dont les délivre le jour,
seuls ici encore dans la nuit
dont les délivre le jour.
Roger Dextre, Entendements et autres poèmes, La rumeur libre éditions, 2012, p. 48-49.
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