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Par Luminitza C.Tigirlas le 29 Septembre 2018 à 06:47
Juillet ? Une île ! ...avec Eric Villeneuve
De partout arrivaient des torrents.
Mais, dans la gorge elle-même, ces derniers ne formaient qu'une seule chute.
Une chute dont il ne restait rien, cent mètres plus bas!
Pas de bassin ni de pertuis entre lesquels
l'eau fracassée eût tournoyé dans un bruit de tonnerre...
Non, chute silencieuse, absorption directe
des torrents par le vide,
via un gouffre informe, l'égal d'un trou noir.
(p. 119)
...............................................
Mettons que je ne sois plus tout à fait celui que je suis...
Mettons qu'il m'arrive ce qui m'arrive
parfois:
d'entrer en transe et de changer, pour ainsi dire, d'identité...
Pas longtemps, certes, puisque
rien n'y paraît: juste le temps de m'approprier
une ou deux expressions d'une autre époque et de
les employer à bon escient.
Oui, je deviens quelqu'un d'autre à cette seule fin.
Sans le décider, il est
vrai...
Victime du phénomène, plutôt:
j'ai conféré tant de pouvoir aux mots que ceux-ci agissent
parfois à ma place.
(p. 217)
Eric Villeneuve, Aventures dans l'île de Juillet, P.O.L., 2011, p. 119; p. 217.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 27 Septembre 2018 à 07:07
J'ai lu les chemins pavés de nos corps ...avec Adonis
Comment la lune devient-elle fauve? Comment le jour et la
nuit
devient-ils la peau de massacres qui égarent la raison et
stupéfient
les astres de l'imagination?
J'ai lu les chemins pavés de nos corps / emprunté les tournants
du passé ses fissures et ses secrets / écouté la gorge homérique
poursuivre sa plainte :
Ulysse Ulysse
j'ai touché ce qui traîne le réel par la mémoire et
l'absence par la présence qui est une autre forme de l'absence
Adonis, Prends-moi, chaos, dans tes bras,
Traduit de l'arabe par Vénus Khoury-Ghata, Mercure de France, 2015, p. 10.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 24 Septembre 2018 à 06:06
Idiome …avec Andrea Zanzotto
Le ciel est limpide jusqu’à
être inconnu
Tout est intoxiqué par le soleil
Moi, sous lui, je tousse en ce
Bruissement d’êtrifications
et je suis distrait,
des plus distraits par la violence
d’un froid
qui ne fait pourtant rien de mal
Je lorgne des solitudes
Autrefois miennes désormais uniquement
à elles-mêmes
Tous les reproches semblent se calmer
en reflétant
Tout est distraction et
peut-être moins, un
peu moins que prévu, peine
Andrea Zanzotto, Idiome, José Corti, 2006, p. 193.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 20 Septembre 2018 à 07:26
C’est un trou de lumière
qui tend les fils coupants
par où s’en vont les routes de l’exil.
L’horizon est alors en tension avec les cieux.
Les vignes alentours ont viré au jaune roux.
Au cœur d’une harmonie qui s’est immobilisée
les senteurs s’écoulent dans les rainures de la terre
s’infiltrent dans la matière des choses
le long de leur verticalité.
Après les pluies d’automne
la blancheur de la lumière ouvre les champs.
Sol mélancolique.
Ciel troublé au souffle du vent.
Un trou de lumière qui réanime les bruits intérieurs
Christine Durif-Bruckert, Arbre au vent, Éditions du Petit Véhicule, 2018, p. 31.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 18 Septembre 2018 à 06:32
Avec Jean-Claude Goiri : GESTUELLE
...et d'un revers de plume je te souffle un
mot
quand sur le bout de ta langue il est déjà
multiple
il y a plus de mille œils qu'il est dans ton
palais
mais il était tombé de ton oreille en douleur
et maintenant qu'il vibre dans tes corps tout
entiers
tu en auras pour mille œils à me le
susurrer...
Jean-Claude Goiri, GESTUELLE, Z4 éditions, 2018, p. 26.
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Par Luminitza C.Tigirlas le 11 Septembre 2018 à 08:06
Avec Patrick Beurard-Valdoye: Gadjo-Migrandt, LIL4
...
île licite airesie où votre nom ne vacille plus dvip presqu’île athonite où
l’icône s’exile miraculeuse
dans l’acte graphique fusionnent la lettre et l’image
faire du retrait dans l’image c’est lui donner du verbe c’est nommer la
figure
ce nom télémétrique Luca ce renom tétragramme à l’initiale « L » gravé en
vous cette fois sans lapsus sans lacune fixité transmise lucarne du
néant rempart digue d’une flotte orthographique : : VITA DOMBO
DIMBO DOMBO DIMBO
votre démarche vise jusqu’aux cimes de l’anti-Athos qu’une théorie de
Sisyphes angoissés ne sait atteindre
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Par Luminitza C.Tigirlas le 4 Septembre 2018 à 17:56
Avec Patrick Dubost: Une "respiration"
(*26)
Je m’appelle Mélancholie.
Avec un « h ».
Pour ne pas confondre avec
la fleur.
Quelle fleur ?
J’aurais voulu
devenir un personnage.
Je ne suis jamais
que moi-même.
Avec ma voix.
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