• Le blanc et le noir

     

     

     

    Le blanc et le noir ...avec Eugène Ionesco

     

    Dès ma première pièce de théâtre, je me suis pris à vouloir écrire la tragédie du langage : ce fut comique. Je suis un auteur comique. Un dessinateur naïvement comique. Avec le temps et l’expérience je serais menacé par la tentation du tragique, heureusement ce n’est que du comique. Tout au plus, des formes comiques du mal. Mais c’est bien cela : le mal doit être comique, le mal c’est peut-être le comique, c’est peut-être cela. En somme, c’est la fête, un mât de cocagne avec des lots-surprises accrochés à chaque branche.

     

     

    Ces lots-surprises sont des masques pour les enfants.

     

    Mais tout ce que je dis est double. Les masques eux-mêmes sont généralement horribles, il y a peu de choses qui séparent l’horrible du comique. En fait ils ne sont pas si horribles que cela. La mode est aujourd’hui de donner aux enfants des poupées bien plus horribles que mes masques. Je suis encore dans le débonnaire. Pourquoi donne-t-on aux enfants des monstres-poupées, alors qu’on leur donnait autrefois des poupées aux figures douces et sereines. Je vous laisse donner des explications à ce fait.

     

    Eugène Ionesco, Le blanc et le noir, Gallimard, 1985, p. 44.

     

     

     

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