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Madonna dell’Orto
L’assèchement creuse l’émeute
Temps noir — périple dans l’âme de l’onyx
Tu attends le burin ivre burin ivre
Emily Young fixe le coin de l’œil à une tête monstrueuse
en pierre vivante crevassée aux bulles d’air voraces
Ma chair / Le burin / L’attaquera-t-il aussi ?
Le même air m’aspire / Par l’océan de sel je mords aux Visions de l’Au-delà
— Maître serais-je revenue sous le fouet de ton polyptique ?
Ma nudité / L’éros sans manque/ L’obscène de mon songe
Ce goût à m’évanouir dedans
L’Enfer du peintre m’est si familier/ N'est-il qu'un mirage de style ?
Tu me hèles au jardin / Au « délices terrestres » les volets me sont fermés
— Tourne le globe transparent dans les lueurs marines de la genèse
L’après-midi avance des ombres aux géantes / aux têtes semi-finies
Qui étire la voix des pierres ?
La sculptrice arrache Tintoret à la tétée du Jugement
Cercle des formes volées
à l’achèvement / au souffle adriatique / aux musiques enfuies
Tu ranimes un cloître — Madonna dell’Orto — un jour de septembre
Ma Vénétie Sans fin est l’attente
(Luminitza C. Tigirlas, Poèmes de la soif matinale, Série d'inédits, 2018.)
Sculptures: Emily Young, Venise, septembre 2015.
Credits photos:
Christian Claudepierre
Tags : Luminitza C. Tigirlas - Madonna dell’Orto
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