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Océan de terre
Dans l'Océan de terre avec Apollinaire
À G. de Chirico
J’ai bâti une maison au milieu de l’Océan
Ses fenêtres sont les fleuves qui s’écoulent de mes
yeux
Des poulpes grouillent partout où se tiennent les mu-
railles
Entendez battre leur triple cœur et leur bec cogner
aux vitres
Maison humide
Maison ardente
Saison rapide
Saison qui chante
Les avions pondent des œufs
Attention on va jeter l’ancre
Attention à l’encre que l’on jette
Il serait bon que vous vinssiez du ciel
Le chèvrefeuille du ciel grimpe
Les poulpes terrestres palpitent
Et puis nous sommes tant et tant à être nos propres
fossoyeurs
Pâles poulpes des vagues crayeuses ô poulpes aux becs
pâles
Autour de la maison il y a cet océan que tu connais
Et qui ne se repose jamais
Apollinaire, Océan de terre, in Calligrammes, Œuvres poétiques, Gallimard, La Pléiade, 1965, p. 268.
Tags : Luminitza C. Tigirlas lit Apollinaire
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