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Mes vifs remerciements vont à la poétesse Béatrice Machet
pour sa lecture généreuse
de mon essai "Rilke-Poème, Elance dans l'asphère", L'Harmattan, 2017
Son texte peut être lu sur le site Recours au poème:
https://www.recoursaupoeme.fr/rilke-poeme-elance-dans-lasphere/
https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=32516
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Ainsi naît la solitude ...avec Roberto Juaroz
L'œil trace sur le toit blanc
une mince raie noire.
Le toit assume l'illusion de l'œil
et devient noir.
La raie s'efface alors
et l'œil se ferme.
Ainsi naît la solitude. (V, 11)
Roberto Juaroz, Poésie verticale, Traduit de l'espagnol (Argentine) par Roger Munier,
Fayard, 1989, p. 94.
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Les mots étaient des loups ...avec Vénus Khoury-Ghata
D'où viennent les mots?
de quel frottement de sons sont-ils nés
à quel silex allumaient-ils leur mèche
quels vents les ont convoyés jusqu'à nos bouches
Leur passé est bruissement de silences retenus
barrissement de matières en fusion
grognement d'eaux mauvaises
Parfois
Ils s'étrécissent en cri
se dilatent en lamentations
deviennent huée sur les vitres des maisons mortes
se cristallisent pépites de chagrin sur les lèvres mortes
se fixent sur une étoile déchue
creusent leur trou dans le rien
aspirent les âmes égarées
Les mots sont des larmes pierreuses
les clés des portes initiales
ils maugréaient dans les cavernes
prêtaient leur vacarme aux tempêtes
leur silence au pain enfourné vivant
Vénus Khoury-Ghata, Les mots étaient des loups, Gallimard, 2016, p. 121.
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Merci de tout coeur à la revue Ornata
qui publie dans son N° 6 bis en ligne
mes poèmes "Dévêtue rêv ê tu e"
en compagnie des images signées Olivia HB:
https://www.eurydemaornataeditions.com/copie-de-revue-ornata-6-1
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L’aube …avec William Butler Yeats
Je voudrais avoir l’ignorance de l’aube
Qui de là-haut a vu
Cette vieille reine mesurer une ville
Avec l’épingle d’une broche,
Ou ces vieillards flétris regarder
De leur pédante Babylone
La course insouciante des planètes,
Le déclin des étoiles et l’éveil de la lune,
Et saisir leurs tablettes pour y faire des calculs ;
Je voudrais avoir l’ignorance de l’aube,
Et comme elle tout simplement,
Balancer sur les épaules embrumées des chevaux
Les paillettes de son char ;
Je voudrais (car tout savoir ne vaut pas un liard)
Avoir la folle ignorance de l’aube.
20 Juin 1914 – Février 1916
William Butler Yeats, L’aube in « La rose et autres poèmes »,
Traduit de l’anglais (Irlande) par Jean Briat, Gallimard, 1998, p. 155.
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Juillet ? Une île ! ...avec Eric Villeneuve
De partout arrivaient des torrents.
Mais, dans la gorge elle-même, ces derniers ne formaient qu'une seule chute.
Une chute dont il ne restait rien, cent mètres plus bas!
Pas de bassin ni de pertuis entre lesquels
l'eau fracassée eût tournoyé dans un bruit de tonnerre...
Non, chute silencieuse, absorption directe
des torrents par le vide,
via un gouffre informe, l'égal d'un trou noir.
(p. 119)
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Mettons que je ne sois plus tout à fait celui que je suis...
Mettons qu'il m'arrive ce qui m'arrive
parfois:
d'entrer en transe et de changer, pour ainsi dire, d'identité...
Pas longtemps, certes, puisque
rien n'y paraît: juste le temps de m'approprier
une ou deux expressions d'une autre époque et de
les employer à bon escient.
Oui, je deviens quelqu'un d'autre à cette seule fin.
Sans le décider, il est
vrai...
Victime du phénomène, plutôt:
j'ai conféré tant de pouvoir aux mots que ceux-ci agissent
parfois à ma place.
(p. 217)
Eric Villeneuve, Aventures dans l'île de Juillet, P.O.L., 2011, p. 119; p. 217.
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J'ai lu les chemins pavés de nos corps ...avec Adonis
Comment la lune devient-elle fauve? Comment le jour et la
nuit
devient-ils la peau de massacres qui égarent la raison et
stupéfient
les astres de l'imagination?
J'ai lu les chemins pavés de nos corps / emprunté les tournants
du passé ses fissures et ses secrets / écouté la gorge homérique
poursuivre sa plainte :
Ulysse Ulysse
j'ai touché ce qui traîne le réel par la mémoire et
l'absence par la présence qui est une autre forme de l'absence
Adonis, Prends-moi, chaos, dans tes bras,
Traduit de l'arabe par Vénus Khoury-Ghata, Mercure de France, 2015, p. 10.
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