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Le livre de l'intranquilité
Prince du Grand Exil ...avec Fernando Pessoa
Je lis comme si j'abdiquais. Et, de même que la cape et la couronne royales n'ont jamais autant de grandeur que lorsque, à son départ, le roi les abandonne sur le sol -- de même je dépose, sur les mosaïques des antichambres, tous les trophées de l'ennui et du rêve, et je gravis les escaliers, revêtu de la seule noblesse de mon regard.
Je lis comme si je passais. Et c'est chez les classiques, chez les calmes, chez ceux qui , s'ils souffrent, point ne le disent -- c'est chez eux que je me sens sacré comme voyageur, que je suis oint pèlerin, être contemplant sans raison un monde qui n'obéit à nul dessein, Prince du Grand Exil qui a fait en partant, au dernier mendiant l'aumône ultime de sa désolation.
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Je lis et me livre, non pas à la lecture, mais à moi-même.
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité de Bernando Soares,
Christian Bourgois éditeur, 1988, p. 103-104.
Tags : Luminitza C. Tigirlas lit Fernando Pessoa
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