• Le dernier cerceau ardent

     

    Il est arrivé 

    je le tiens dans les mains,

    je caresse  sa couverture, j'ai peur de l'ouvrir:

    peut-on feuilleter quelqu'un

                                    sans le troubler dedans?

    Je le plante au jardin parmi des  végétaux corps

    pliés eux aussi en drôles de cerceaux,

    je croque avec mon appareil sa maigreur animale,

    je me penche, je touche les bras ligneux de la plante

     —  j'ai déjà franchis mes flammes  — 

    Alors l'arrivant bondit aux ailes en papier il saute 

    une combustion aux  blanches tiges

    le propulse vers ma poitrine, l'inconnu me reconnaît

    je suis à ce petit livre il fut conçu à nos frontières:

    ouvrez-le —  il est temps de lire en vous-mêmes

     

    Le dernier cerceau ardent

    Ce neuvième livre de Luminitza C. Tigirlas  est composé de 4 suites de poèmes en vers et en prose. Leur souffle est rythmé par les réverbérations d’une langue intime déchiquetée entre deux alphabets, entre deux rives : « Avant que la glace ne dentelle la voix de Pyreta-rivière, l’Aiguilleur-du-Ciel-sonneur, qui n’est pas toi, l’ensemence de poèmes émiettés en feux-follets. Leur respiration fait fondre la frontière. » La poète traverse une mémoire vibratile, sa voix hèle un brin de matricaire dans les fanges temporelles — approchez mains nues, ne tirez pas !

     

    Luminitza C. Tigirlas, Le dernier cerceau ardent, éditions du Cygne, Paris, 2023. Couverture : dessin de Doïna VIERU, artiste-peintre https://www.doinavieru.com/

    Le livre peut être commandé

    à la Fnac, dans les librairies ou sur le site de l'éditeur que je remercie pour sa confiance renouvelée:

    http://editionsducygne.com/editions-du-cygne-dernier-cerceau-ardent.html

     

    Aperçu :

     

    À l’aiguillage d’une ligne de feu

    — ligne d’alphabet —

    ma main rate le tournant

    vers l’armoise

    L’horizon des mots se courbe,

    son pourtour ardent

    est mon cerceau de survivance

    Le fauve humain se hérisse devant

    la honte rouge ploie mon dos :

    j’atteins le saut —

    en mille éclats il m’engage

    L’ouvrage de mes jours s’exfolie

    il répond par une dernière ligne

    — langue à trous —

    Par-delà, Dieu reprend l’aiguillage :

    il est aussi transfuge dans la béance

    ©Luminitza C. Tigirlas

     

     

     

     

     

    « ...pour retrouver une patrie Doïna Vieru - dessin avant et après morsure »

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  • Commentaires

    1
    Carmen ochea
    Lundi 11 Septembre 2023 à 08:25
    C est une énigme cette courbe de l horizon des mots car je peux imaginer de l entrevoir. Merci Luminitza
      • Dimanche 17 Septembre 2023 à 08:19

        Merci Carmen.

        L'horizon des mots vibre jusqu'à se faire entendre...

        il me semble,

        je tends l'oreille et tout mon corps s'y tend

    2
    Lundi 11 Septembre 2023 à 09:33

    L'inconnu feuillette   quelques pages

    qui révèlent son imaginaire.

    Il se reconnaît comme il te connait

    en songes décalés

    sur du papier.

      • Dimanche 17 Septembre 2023 à 08:41

        Que nos songes décalés continuent à nous donner du grain.

        Merci à vous.

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